RELATIONS CHINE-AFRIQUE : NOUVELLES ATTENTES DE L'HISTOIRE

2011-02-13 20:00

  YANG Jiechi

Ministre des Affaires étrangères de la République Populaire de Chine

Le 10 février 2011

      C'est un grand plaisir pour moi d'effectuer, au lendemain de la Fête du Printemps, ma quatrième tournée officielle en Afrique depuis mon entrée en fonction comme Ministre chinois des Affaires étrangères. Selon la culture traditionnelle chinoise, la Fête du Printemps, Nouvel An du calendrier lunaire, annonce le début d'une année nouvelle et l'arrivée du printemps, et génère donc de nouvelles opportunités et de nouveaux espoirs. En ce moment de début d'année, il nous est naturel de dresser le bilan du passé et d'envisager l'avenir, ce qui est d'autant plus significatif cette année que nous sommes désormais au début de la deuxième décennie du 21e siècle.

Dix ans de résultats fructueux pour les relations Chine-Afrique

      Les dix premières années du 21e siècle ont été, sans aucun doute, particulièrement fructueuses pour les relations sino-africaines. Au cours de cette décennie, nous avons été témoins de nombreux grands événements qui méritent d'être inscrits dans les annales des relations sino-africaines. La création et le développement du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) ont frayé une voie nouvelle au renforcement du dialogue collectif et de la coopération pragmatique entre la Chine et l'Afrique ; le succès du Sommet de Beijing du FCSA a contribué à la mise en place d'un partenariat stratégique sino-africain de type nouveau caractérisé par l'égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération et le gagnant-gagnant sur le plan économique ainsi que les échanges et l'inspiration réciproque sur le plan cultuel ; et l'essor de la coopération pragmatique sino-africaine a permis aux deux parties de franchir des pas sans précédent dans la recherche d'un développement partagé.

      La Chine et l'Afrique ont récolté, pendant ces dix ans de solidarité, ce qu'il y a de plus précieux que l'or : la sincérité, la confiance et la foi en l'avenir. Nos amis africains ont toujours apporté à la Chine un soutien ferme et agissant sur les questions mettant en jeu les intérêts vitaux et essentiels de la Chine lorsque cette dernière était frappée par de grandes pandémies ou de catastrophes naturelles. Et la Chine, malgré le choc de la crise financière internationale, a honoré tous ses engagements pris au Sommet de Beijing du FCSA et même fait davantage en avançant huit nouvelles mesures pour sa coopération avec l'Afrique lors de la 4e Conférence ministérielle du FCSA.

      Les dix ans passés ont vu les échanges entre les peuples chinois et africains s'intensifier et s'approfondir. A présent, la Chine accueille tous les ans près de 5000 boursiers africains et plus de 7000 étudiants africains non-boursiers. Et chaque année, près de 400000 touristes chinois choisissent l'Afrique comme la première étape de leur voyage et autant de touristes africains viennent en Chine. A l'Expo Shanghai 2010, 20 millions de Chinois ont visité avec un vif intérêt les magnifiques expositions offertes dans le Pavillon d'Afrique qui est le plus grand pavillon et abrite le plus de pays participants dans l'histoire des expositions universelles. La vitalité des relations sino-africaines se fait ainsi sentir à travers les échanges entre les peuples chinois et africains.

Dix ans d'expériences et d'enseignements

      Le développement des relations sino-africaines durant la première décennie du 21e siècle nous a permis d'accumuler des expériences précieuses pour ouvrir de nouveaux horizons à ces relations.

      Premièrement, il est essentiel de s'en tenir aux principes fondamentaux de la sincérité et de l'égalité. L'amitié traditionnelle sino-africaine étant le résultat des efforts inlassables de plusieurs générations des deux parties, nous avons le devoir d'en assurer la continuité et le développement. L'évolution de la situation internationale et les changements intervenus dans les réalités nationales de la Chine et des pays africains ont permis d'élargir le champ de la coopération Chine-Afrique et d'enrichir les relations sino-africaines, mais ne changeront en rien les principes ni l'objectif de la politique chinoise à l'égard de l'Afrique. La Chine continuera, dans le respect des principes de la sincérité, de l'amitié et de l'égalité, à travailler en commun avec les pays africains pour approfondir le partenariat stratégique sino-africain de type nouveau.

      Deuxièmement, il faut nous en tenir à une coopération générale et mutuellement bénéfique. Le renforcement de la solidarité et de la coopération entre la Chine et l'Afrique revêt une signification stratégique. Les relations sino-africaines ne datent pas d'aujourd'hui et ne se limitent pas seulement à quelques domaines. Que ce soit dans le développement socio-économique africain ou dans les affaires africaines de paix et de sécurité, la Chine entend jouer un rôle constructif et assumer des responsabilités internationales proportionnelles à sa puissance nationale. Elle cherche à aider l'Afrique dans la mesure du possible en honorant scrupuleusement ses engagements et s'en tient aux principes des avantages réciproques et du développement partagé dans leur coopération pragmatique, pour que cette coopération se développe durablement à un niveau plus élevé.

      Troisièmement, il importe de persévérer dans le concept de développement ouvert et inclusif. La paix et le développement de l'Afrique ont besoin du soutien de toute la communauté internationale, et la coopération sino-africaine constitue une composante importante de la coopération internationale pour le développement. Heureuse de voir la communauté internationale prêter plus d'attention et de soutien à l'Afrique ces dernières années, la Chine entend travailler ensemble avec les autres partenaires dans le monde pour que leurs coopérations respectives avec l'Afrique forment une configuration avantageuse marquée par la bonne entente malgré la différence, la tolérance, l'inspiration mutuelle, la coexistence harmonieuse et les progrès communs. C'est ce que nous entendons par la voie du développement pacifique et la stratégie d'ouverture mutuellement bénéfique, et cela contribue à la création d'un environnement extérieur favorable à la coopération sino-africaine.

Nouvelles attentes de l'Histoire

      L'histoire attend que les relations sino-africaines connaissent dans la nouvelle décennie un plus grand développement au profit des peuples chinois et africains.

      - Les dix ans à venir seront marqués par une confiance stratégique mutuelle sans cesse renforcée entre la Chine et l'Afrique. Tout comme par le passé, la Chine se tiendra fermement aux côtés des pays africains pour intensifier leurs relations politiques, promouvoir leurs échanges d'expériences en matière de gouvernance de l'Etat, et élargir leurs concertation et coordination dans les affaires internationales et régionales. Elle soutiendra surtout activement l'intégration régionale de l'Afrique et les revendications légitimes des pays africains pour une meilleure représentation dans les mécanismes multilatéraux internationaux.

      - Les dix ans à venir seront marqués par un développement vers un niveau plus élevé de la coopération sino-africaine. Nous continuerons à considérer le développement comme une force motrice importante de nos relations avec l'Afrique, à faire jouer pleinement le rôle de leader et de pionnier du FCSA, à élargir et à approfondir de façon créative la coopération sino-africaine dans tous les domaines, et à améliorer la qualité et le niveau de cette coopération. En accordant la priorité à l'amélioration du bien-être des Africains et au renforcement de la capacité d'auto-développement du continent, la Chine continuera à accroître ses assistances et investissements à l'Afrique afin de l'aider, dans la mesure du possible, à réaliser les Objectives du Millénaire pour le Développement.

      - les dix ans à venir seront marqués par une consolidation continue de la base populaire des relations sino-africaines. Liés par une amitié profonde, les peuples chinois et africains partagent des valeurs proches et des revendications communes pour le développement. Mais, en raison des différences entre eux en matière d'histoire, de culture et de langue, ils ont besoin d'approfondir sans cesse leur connaissance mutuelle. Nous continuerons à promouvoir, par différentes voies, les échanges et coopération humains et culturels entre la Chine et l'Afrique pour qu'ils donnent des fruits encore plus abondants, afin que les 1,3 milliard de Chinois et le milliard d'Africains se connaissent mieux, se rapprochent davantage et s'aiment plus, et que le chemin de l'amitié sino-africaine se prolonge sans cesse non seulement sous nos pieds, mais aussi et surtout dans nos cœurs.

      Les faits ont prouvé et continueront à prouver que le développement de la Chine représente des opportunités pour l'Afrique, que le développement de l'Afrique représente également des opportunités pour la Chine, et que le développement partagé de la Chine et de l'Afrique offrira des opportunités pour la paix, la stabilité et le développement dans le monde.